Campagne nationale de sensibilisation pour le retour des filles à l’école dans un contexte marqué par le Covid-19.
Rapport sur les actions menées dans le cadre de la campagne #AfricaEducatesHer
La pandémie de la Covid-19 qui est apparue en fin 2019 et qui s’est propagée dans le reste du monde en début d’année 2020, a amené les gouvernements à prendre des mesures restrictives visant à limiter la propagation de la maladie au sein de la population. S’il faut saluer lesdites mesures qui ont réussi à freiner les contaminations particulièrement en Afrique alors que les prévisions étaient alarmantes, il faut tout de même reconnaitre son impact non négligeable particulièrement dans le secteur éducatif. Le Gouvernement du Cameroun a en effet mis en place depuis le 18 mars 2020, plusieurs mesures restrictives de regroupements et des déplacements, incluant entre autres la fermeture de tous les établissements scolaires et universitaires et la suspension des vols internationaux. Selon le Bureau local de UNESCO, cette décision a affecté directement la scolarisation de plus de 7,2 millions d’élèves et étudiants sur l’ensemble du territoire dont plus de 4,3 millions d’enfants inscrits au primaire avec 47% de filles. Cette situation s’est aggravée dans les zones rurales, distantes et touchées par les conflits, frappant les groupes d’apprenants les plus vulnérables que sont les filles, les jeunes femmes et les personnes handicapées.
Suite à la diminution significative des nouvelles contaminations, la rentrée scolaire des élèves du primaire et du secondaire au Cameroun a eu lieu le 5 Octobre 2020. Si de milliers d’enfants ont repris le chemin de l’école, il y a tout de même lieu de relever que plusieurs n’auront pas cette opportunité, particulièrement les filles ceux vivant en zone de conflit. La persistance de la crise socio politique dans les régions anglophones et la récurrence des attaques de Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord, qui ont fragilisé les populations et entrainé de nombreux déplacements et la fermeture des écoles depuis plusieurs années, continuent d’entretenir l’instabilité et la vulnérabilité des habitants. De plus, le Covid a entrainé une baisse drastique des revenus des familles, rendant davantage vulnérables les populations. Selon des enquêtes réalisées par la chaine de télévision nationale, de plus en plus de filles et de jeunes femmes déplacées de la crise anglophone sont victimes de viols, de grossesses précoces et non désirées ou sont forcées de se prostituer dans leurs localités d’accueil faute de moyens de survie. Face à la conjoncture, il y a lieu de craindre que les familles trouvent un prétexte pour ne pas scolariser les filles faute de moyens. Le projet vient de ce fait répondre au risque de déscolarisation des filles particulièrement dans ces zones.
Alors que la communauté internationale a commémoré le 11 Octobre la Journée Internationale de la Fille ; il est important de rappeler à la communauté éducative et particulièrement aux familles, le respect de droit à l’éducation de tous les enfants sans aucune discrimination tel que stipulé par la Charte Africaine des Droits et du Bien-être des enfants (CADBEE). Notre organisation étant partenaire dudit programme, il nous a paru opportun d’organiser une campagne au Cameroun, considérant la menace réelle d’une déscolarisation massive des filles.
C’est fort de ce constat que l’association Rayons de Soleil, dans le cadre de ses objectifs de promotion des droits de la fille, s’est jointe à la campagne « Africa Educates Her » lancée par UA-CIEFFA, pour organiser la campagne « Les filles retournent à l’école » avec le soutien financier de l’Ambassade de France et l’accompagnement institutionnel du Ministère des Enseignements Secondaires. Ladite campagne a pour objectif de sensibiliser la communauté éducative et particulièrement les familles et les leaders communautaires des zones de conflit sur la nécessité du retour et du maintien des filles à l’école dans un contexte marqué par les défis sécuritaires et la pandémie de la Covid-19. De manière spécifique, le projet visait à :
- Former 50 jeunes filles sur l’activisme social pour la promotion et le respect des droits de la fille dans un contexte marqué par la Covid-19 et les conflits.
- Sensibiliser au moins 3 000 personnes sur la scolarisation des filles malgré le Covid et sur le respect des mesures barrière.
- Apporter un appui matériel à 300 filles pour la protection contre la Covid-19.
Le projet s’est déroulé autour de 3 activités :
Lancement officiel de la campagne / point de presse
La cérémonie officielle de lancement du projet s’est tenue le jeudi 19 Novembre à Yaoundé et présidée par Madame Fidèle Djebba, Présidente de l’Association Rayons de Soleil, en présence du représentant du Ministère des Enseignements Secondaires, et de l’Ambassade de France partenaire du projet. La cérémonie s’est achevée par un point de presse ayant mobilisé une dizaine d’organes de presse.
Conférence des filles
Une conférence a été par la suite organisée avec une cinquantaine de jeunes filles et garçons issus des organisations de jeunesse. Ladite conférence avait pour but d’améliorer le niveau de connaissance des participants sur les instruments nationaux et internationaux de protection de la fille ; et de développer leur leadership pour la promotion et de protection des filles contre les violences et fléaux sociaux en milieu scolaire et extrascolaire. Les présentations ont porté respectivement sur:
- L’état des lieux des violences faites aux filles au Cameroun et particulièrement en milieu scolaire et extrascolaire ;
- La politique nationale de promotion du genre et les instruments nationaux et internationaux de promotion des droits de la fille ;
- Les mesures de protection contre la Covid-19 durant l’année scolaire 2020 – 2021 ;
- Le leadership et l’activisme de la jeune fille pour la promotion et la protection des filles en milieu scolaire et extrascolaire.
Sensibilisation de proximité / remise des kits
Une sensibilisation de proximité pour le retour et le maintien des filles à l’école a été menée par 30 volontaires dans les régions de l’Extrême-Nord, l’Est et le Sud-Ouest. Lesdites régions sont marquées par des conflits et abritent un nombre élevé de personnes sinistrées, déplacées et réfugiées. Au total 3 949 personnes ont directement été sensibilisées, et 300 filles ont reçu des kits sanitaires anti COVID-19 constitués de masques et de détergent lave-mains. Par ailleurs, les bénévoles ont organisé des sensibilisations dans les radios communautaires afin de toucher un public plus large. La suite de la campagne prévoit la campagne sur les réseaux sociaux.